Les perturbateurs endocriniens ou PEs, une disruption externe dont il vaut la peine de se débarrasser.
Il y a quelques années j’ai eu le privilège de travailler avec des personnes et scientifiques extraordinaires, dont Pete Myers, un pionnier dans la recherche de l’impact des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine. J’ai découvert parmi d’autres choses, le monde des PEs, qui à cette époque n’étaient pas encore connus du grand public.
Ma santé était à lors en proie à une maladie auto-immune soit disant incurable. Au fil de mes lectures et compréhension des recherches scientifiques sur le sujet, le lien est devenu flagrant. Mon système immunitaire ne pouvait qu’être dysfonctionnel jusqu’au point de se retourner contre mon organisme, du moment que mon système endocrinien était parasité par des PEs (ce qui devait définitivement être le cas alors). Cela m’a amené à changer des choses simples dans ma vie quotidienne, lesquelles ont eu un impact majeur dans le processus de recouvrement de ma santé. Voyons donc de quoi il en retourne.
Les PEs sont des substances chimiques de synthèse, entièrement crées par l’homme. Toutefois, ils sont perçus et traités comme s’ils étaient des hormones naturelles fabriquées par l’organisme. Lequel les considère comme de vrais messagers chimiques pouvant se fixer à nos récepteurs cellulaires.
Un rafraichissement de mémoire hormonal
Commençons par nos hormones naturelles. Notre corps produit et utilise des milliers d’hormones constamment.
Les principales glandes produisant des hormones sont le pancréas, la thyroïde, la glande pituitaire et pinéale, l’hypothalamus, les surrénales, les ovaires et les testicules. Même notre intestin produit des hormones. Elles sont envoyées dans notre circulation sanguine en tant que signaux indiquant à nos cellules ce qu’elles sont supposées faire. Elles régulent la plupart des fonctions de notre corps et sont essentielles à notre système nerveux et immunitaire.
Les hormones sont également des messagers chimiques pour le cerveau. Comme mentionné, elles ont un impact direct sur le système nerveux, qui régit notre humeur, nos comportements, la façon dont nous socialisons, notre capacité à résoudre des problèmes, ainsi que sur notre capacité intellectuelle en général.
Il est dès lors utile d’y penser à deux fois lorsque l’on sait que les PEs sont capables d’interférer avec notre système endocrinien en imitant parfaitement nos hormones, de bloquer l’activation d’une cellule ou de perturber le processus hormonal approprié, ou encore d’altérer le code épigénétique.
Dosage
Nos réglementations légales sont encore basée sur le très ancien principe de Paracelse (datant de passé 500 ans…), partant du postulat erroné que la dose fait le poison. En d’autres termes, que la consommation d’une substance toxique en deçà d’une certaine dose ne comporte pas de risque. Les hormones et ses imposteurs les PEs ne respectent pas cette règle car ils ont un effet sans réserve déjà à une dose infinitésimale.
La dose est une chose, les « effets » ou « interactions chimiques » en sont une autre. Voici les 4 effets principaux:
L’effet cocktail – ou effet synergique
Quand plusieurs substances, actives ou inertes, sont mises ensemble, elles peuvent avoir un effet supérieur que sur le plan individuel. Ce qui veut dire que l’effet d’une molécule toxique devient plus important lorsque cette dernière est combinée avec une autre molécule. Qui plus est, une substance inerte peut devenir active au contact d’une autre substance.
Si nous allons plus loin : il a été montré qu’un métabolite, qui est l’étape de dégradation d’une molécule toxique, peut être plus puissant, donc plus toxique que la molécule initiale.
L’effet cumulatif
Il consiste en l’exposition répétée à une molécule identique. Nous employons de nombreux produits dans la journée. La même substance chimique peut être trouvée dans plusieurs de ces produits à un dosage pseudo acceptable. Toutefois, à la fin de la journée, vous aurez cumulé la dose de cette molécule présente dans chaque produit. Et conséquemment largement dépassé ce qui aurait dû être la supposée dose acceptable.
L’effet fenêtre
Le stade de développement du fœtus dans l’utérus, ainsi que ceux de l’enfance et l’adolescence, sont les périodes les plus sensibles au cours desquelles le corps est en construction. Les hormones jouent un rôle crucial pour le développement des organes, des systèmes nerveux, immunitaire et reproducteur. Lorsque des PEs interviennent à ces périodes dites de vulnérabilité, les conséquences peuvent autant être immédiates qu’apparaître ultérieurement à l’âge adulte. Quoi qu’il en soit cela contribuera à altérer notre fonctionnement tout au long de notre vie.
L’effet épigénétique
Cela relève de la modification ou l’altération de l’expression du gène dans la personne exposée à des PEs. Cette personne peut transmettre cette altération ou modification à ses enfants, même si l’enfant n’a lui-même pas été exposé à la substance initiale. Et ainsi de suite, sur plusieurs générations.
Afin que vous ne pensiez pas que ceci est un article déprimant sur un sujet auquel vous ne pouvez pas échapper, je tiens à vous rassurer. De nombreux moyens pour déparasiter en bonne partie votre organisme sont listés en bas de page. Pour l’heure, passons en revue ce que les PEs peuvent générer :
Les conséquences sont vastes
Les PEs ont été liés à ce qui suit :
- Cancers hormono-dépendants (sein, prostate, testicules)
- Maladies auto-immunes
- Fibromes utérins, ovaire polykystique, endométriose
- Troubles du métabolisme (diabète, obésité – il y a des PEs obésogènes !)
- Baisse drastique de la fertilité et infertilité que nous rencontrons aujourd’hui
- Troubles cardiovasculaires et neurologiques, dépression
- Alzheimer, Parkinson
Chez l’enfant les PEs sont liés à ce qui suit :
- Développement anormal du fœtus
- Malformation congénitale (hypospadias)
- Puberté précoce
- Déficience intellectuelle, trouble de l’apprentissage, TDAH, autisme
- Troubles du comportement
- Leucémie
Dans quoi se trouvent les perturbateurs endocriniens ?
De nombreux produits comportent des PEs, tels que la nourriture, les cosmétiques et produits d’entretien chimiques de synthèse, les retardateurs de flammes (principalement utilisés dans les produits polymériques comme le tissu de votre canapé), la peinture sur vos murs, les toitures, dans l’eau, les jouets et le plastique.
Saviez-vous qu’une laitue, tomate ou concombre standard européen contient en moyenne jusqu’à 20 résidus de pesticides ? Si de surcroît vous vous lavez les mains avec un savon contenant des molécules de synthèse x fois par jour, prenez une douche, vous maquillez, inhalez le merveilleux parfum d’ambiance de votre salon et réchauffez votre repas dans un conteneur plastique, vous aurez ainsi cumulé un jackpot de perturbateurs endocriniens dans votre organisme. En plus d’avoir sauté à pieds joints dans les effets cocktail et cumulatif en seulement 24h.
De l’effrayante à la bonne nouvelle
Après cette inquiétante biographie sur les PEs, la bonne nouvelle est que vous pouvez drastiquement réduire ces parasites dans votre circulation sanguine en étant attentifs à des choses simples.
La nourriture :
Les pesticides sont une source majeure de PEs. Une façon aisée de réduire son exposition est simplement de commencer à faire attention à ce que l’on mange. Un exemple encourageant est un test pratiqué sur des familles passant d’une alimention pesticidée à une alimentation bio. En 6 jours seulement, une réduction de 60% des traces de pesticides dans leur organisme, et jusqu’à 95% chez certains individus a été constatée.
Mangez BIO lorsque vous le pouvez. Ou préférez le local et de saison, qui devraient avoir reçu moins de traitements chimiques. Rincez bien vos fruits et légumes non bio, laissez-les tremper dans du vinaigre de cidre, ou pelez-les.
Le plastique :
Nous ne pouvons pas éviter tous les plastiques et il faut dire que cela peut être bien pratique. Toutefois, certains plastiques sont produit utilisant des phtalates ou BPA qui sont des PEs. Ils migreront dans l’eau et la nourriture avec laquelle ils sont en contact. La chaleur active et augmente le transfère de ces composés chimiques. Il ne vaut dès lors mieux pas ingérer de l’eau dont la bouteille plastique est restée au soleil, ou de la nourriture réchauffée dans un conteneur en plastique, placer dans ce dernier des aliments encore chaud. Les conteneurs en verre, les bouteilles en verre ou en acier inox sont une excellente alternative. Optez pour des aliments frais ou dans des bocaux en verre à la place des boîtes de conserves dont l’intérieur est recouvert d’un film plastique.
La cuisine :
Il en va de même pour les ustensiles en plastique pouvant facilement être remplacés par du bois ou de l’acier. Ou au moins veiller à ne pas laisser sa louche en plastique diffuser ses molécules toxiques dans la casserole de la délicieuse soupe que vous préparez. Lorsqu’ils sont chauffés, les revêtements antiadhésifs libèrent également des substances dangereuses en plus de PEs, qui seront absorbés par la nourriture se trouvant en contact avec. Sans compter l’augmentation de la toxicité lorsque ces revêtements sont endommagés. Ici encore, quelques alternatives se trouvent sur le marché, telles la céramique, l’inox ou la fonte (non émaillée).
Produits ménagers et cosmétiques : même conseil, choisissez du bio quand c’est possible.
Lors de l’achat de meubles neufs ou lors de la peinture d’une pièce, veillez à bien aérer les lieux afin de diminuer les particules néfastes dans l’air.
Conclusion
Notre corps est une machine incroyable. Même si c’est loin d’être un 100%, donnez-lui une base saine afin qu’il puisse fonctionner de manière optimale, et déparasitez où vous pouvez. Il vous dira un grand merci en vous montrant son extraordinaire capacité à se régénérer, se guérir et drainer ce qui ne devrait pas s’y trouver.
Integrative Medecine Journal interview – Pete Myers, MD : Epigenetics and Endorcinre Disruption